Bonjour !

2005

Extrait de l’artcile de Anna Lieti, paru dans le journal « le Temps » du 16 novembre 2005

« Autre enseignement du film: le «bonjour», donné ou retenu, n’est pas une simple formalité. «L’enjeu est très important pour les gens, c’est le sentiment d’être pris en compte», dit encore Chantal Ebongué. Et aussi: prendre le temps de parler de ces choses est d’une grande utilité. «Depuis que nous avons fait ce film, chacun comprend mieux le comportement de son voisin et tout le monde se salue, c’est magique!» Il faut ajouter que le malentendu n’est pas toujours culturel. Le film montre aussi qu’il relève parfois de la panne de communication universelle: lorsque, pour dire bonjour, chacun attend que l’autre commence, l’ère glaciaire dure longtemps.

Les jeunes sont particulièrement enclins à lire le rejet dans le silence des adultes. «Leur témoignage montre qu’ils souffrent d’être pris d’emblée pour des voyous et cherchent le moyen de témoigner leur respect à leurs aînés», dit encore Chantal Ebongué. Pour cette coordinatrice de Connaissance 3, un des secrets de la prévention réussie est de créer des lieux de rencontre qui mélangent les générations: à la classique Maison des jeunes, elle préfère nettement la Maison de quartier, comme aux Boveresses.

«On n’est de loin pas les seuls à faire ce genre de travail», précise Daisy Aeberhardt, une des animatrices à l’origine du projet. Vrai: rien qu’à Lausanne, la Fondation pour l’animation socioculturelle chapeaute 15 centres de rencontre, et la capitale vaudoise n’est pas une exception. Un travail à long terme, que la France a eu tort de ne pas «prendre suffisamment au sérieux», et qui consiste à «mettre les gens en lien», dit Daisy Aeberhardt.

Mais comment? Il y a encore six ans, aux Boveresses, les nouveaux arrivants étaient accueillis par des «tables d’accueil» devant leur immeuble. Mais la tradition de l’apéro, dont elles se réclamaient implicitement, ne parle pas à tous: le projet a connu le succès, puis le déclin. Un autre est né, avec le tournage de Bonjour! «Dans ce cas, ça a magnifiquement bien marché mais ça ne veut encore pas dire que faire un film est forcément la panacée», dit encore cette professionnelle, qui a 26 ans d’animation au compteur.

Ce qu’il faut, c’est «s’imprégner du terrain», «savoir cueillir au vol les envies et les besoins», être souple et créatif. Facile, hein Monsieur Sarkozy?

* «Bonjour!», réalisé par le Centre de rencontre des Boveresses en partenariat avec TV Bourdonnette. Vernissage du DVD et projection ve 18, 20h, Centre socioculturel Pôle-Sud, av. J.-J.-Mercier 3. » »